Étoffe burkinabé par excellence, le “Faso Dan Fani” est le pagne tissé traditionnel burkinabé. Ce fameux tissu, qui littéralement veut dire “pagne tissé de la patrie” en langue dioula ; au delà d’être un tissu emblématique est un symbole d’acceptation et de patriotisme. Patriotisme parce que, le fait de «porter le faso dan fani est un acte économique, culturel et politique de défi à l’impérialisme» ; comme disait Thomas Sankara à qui revient l’honneur d’avoir rendu ce tissu noble.
Malgré son coût assez élevé, il connaît aujourd’hui un véritable engouement de la part de créateurs chevronnés ; qui sont ses meilleurs ambassadeurs. Composé de plusieurs bandes de fil de coton lourd plus ou moins larges, non génétiquement modifié, assemblées pour obtenir un pagne ; le Faso Dan Fani est traditionnellement tissé à la main.
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Origine du Faso Dan Fani
Autrefois, certaines croyances réligieuses conférait au tissu des propriétés magiques. Le métier à tisser représentant le corps d’un ancêtre divin, le pagne tissé est alors une sorte d’incarnation de sa parole divine.
Récolte de coton Tissage du fil de coton
La paternité de l’étoffe est généralement attribuée aux Mossis, une ethnie du Burkina Faso qui cultive et transforme le coton suivant les saisons. De nos jours, naturellement, ce savoir-faire ne se limite plus à cette ethnie.
«Dans tous les villages du Burkina Faso, l’on sait cultiver le coton. Dans tous les villages, des femmes savent filer le coton, des hommes savent tisser ce fil en pagnes et d’autres hommes savent coudre ces pagnes en vêtements…» disait l’ancien président Thomas Sankara dans les années 80 quand il imposait le port du Faso Dan Fani aux cadres du pays.
Déjà à l’époque, les rôles étaient répartis par sexe dans le processus de sa fabrication. Ainsi, les femmes ont la charge de la récolte, de la filature et du teintage du coton. Les hommes quant à eux tissent en bandes sur leurs métiers à tisser artisanaux le coton filé et teinté pour obtenir le pagne.
“Fervent défenseur de l’émancipation des femmes, Thomas Sankara a été le premier à leurs permettre de devenir des actrices majeures de l’économie locale”.
Le Faso Dan Fani, une fierté nationale
Mogho Naba, Empereur des Mossis en tissé burkinabé Président Christian Kaboré en tissé burkinabé
Même si présentement le port du “pagne tissé de la patrie” n’est plus obligatoire ; il demeure néanmoins très cher aux cœurs des burkinabés qui le portent avec fierté pour les petites et grandes occasions. D’abord pour valoriser le travail des tisserands, mais aussi pour participer à la valorisation de ce patrimoine. Produit de la fusion du génie d’hommes et femmes burkinabés, il peut se targuer d’avoir pour dignes et fières ambassadeurs ; tous les burkinabés sans exception, du plus simple citoyen au président de la république.
Il est d’ailleurs courant de voir le président Christian Roch Kaboré arborer des tenues réalisées avec le ”pagne tissé de la patrie” lors de rencontres officielles ou d’événements importants autant au Burkina qu’à l’extérieur. Egalement, l’empereur des Mossis, appelé Mogho Naba porte toujours du Faso Dan Fani lors de ses rares apparitions en public. C’est dire combien, la volonté politique et sociale du Burkina est en faveur de la promotion du tissé burkinabé.
Le label Faso Dan Fani
Logo du Label Faso Dan Fani
Le Burkina a pour ce tissu a un intérêt aussi social qu’économique. Mais depuis plusieurs année, il est contrefait et vendu par milliers partout dans le mode et même sur le territoire burkinabé. Ainsi, en 2019, le gouvernement burkinabé a labellisé auprès de l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle, le Faso Dan Fani ; afin de mieux le protéger. Cette labellisation permettra non seulement aux consommateurs de vérifier l’origine et la qualité des pagnes ; mais aussi d’éradiquer la contrefaçon du marché.
Selon “Le Point”, le potentiel de revenus annuels du Faso Dan Fani est évalué à plus de 50 milliards de FCFA. De quoi motiver les dirigeants à sécuriser ce trésor national.
Le pagne de la patrie dans la mode aujourd’hui
On constate effectivement un regain d’intérêt autour du tissé burkinabé qui quelques années plus tôt avait perdu de sa superbe. Son port, remis au goût du jour par Christian Kaboré ; le Faso Dan Fani revient à la mode grâce à des stylistes tels que : Élie Kuame, Imane Ayissi, Peulh Vagabond, Pathé’O, etc. Toujours portée de manière traditionnelle, cette étoffe est aussi revisitée pour obtenir des coupes plus modernes et tendances. Des tenues élaborées et sophistiquées autant pour les hommes que pour les femmes.
Beyoncé dans une création Faso Dan Fani dePeulh Vagabond Création Peulh Vagabond Collection 2016 Elie Kuame
Le Faso Dan Fani ne se limite également plus à un usage vestimentaire uniquement. Il se décline entre autres sous formes d’accessoires de mode : pochette, sac, bijoux, foulards, sandales…et d’accessoires de décoration d’intérieur et d’extérieur.
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