Le “bogolan” est l’un des tissus africains célèbres, les plus connus dans le monde. Il s’agit d’une étoffe malienne notamment “bambara” qui signifie en français “issue de la terre” avec “bogo” pour désigner “argile” ou “terre” et “lan” pour dire “mettre”, “issu de”. Tissu en coton, traditionnellement teint à l’aide de boue et suivant une technique ancestrale utilisée en Afrique Occidentale et valorisée dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest tels que : le Burkina Faso, le Sénégal, la Côte d’Ivoire…le bogolan africain se fait à la main.
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La légende du Bogolan africain
Comme la plupart des tissus africains, le Bogolan a aussi sa légende. L’histoire selon la mythologie madingue (ethnie d’Afrique de l’Ouest) raconte que la découverte et l’invention de ce tissu emblématique de la culture malienne s’est faite par une femme de chasseur. Cette dernière aurait accidentellement taché son pagne teint au n’galama avec de la boue. Remarquant que les décoctions de plantes médicinales séchées par terre avaient laissé des traces indélébiles sur son vêtement, elle comprit que cette teinture pouvait s’obtenir grâce à une réaction chimique provoquée par un contact direct entre la boue et le textile.
Le bogolan africain traditionnel
Initialement le bogolan était réservé à une classe précise de la société. Il était l’apanage des chasseurs, guerriers, guerrières mais aussi des guérisseurs. Les chasseurs surtout s’en servaient comme camouflage ou protection rituelle parce que la croyance à l’époque voulait que ce tissu ait le pouvoir de protéger des esprits. On recouvrait également les femmes en phase d’accoucher et les nouveaux-nés avec le bogolan pour absorber les forces dangereuses ou maléfiques libérées lors de l’accouchement.
Précisément codifiés avec des significations propres ; les motifs complexes et originaux représentés sur le bogolan s’inspiraient de la nature ou des scènes de la vie quotidienne. Le pagne destiné à l’épouse par exemple avait un motif donné ; celui de la jeune fille, un autre, de même pour le néo-circoncis ; pour le mariage et ainsi de suite pour tous les événements de la vie. Le bogolan était alors destiné à un usage rituel principalement.
L’art du bogolan
“Le bogolan est fabriqué de manière typiquement artisanale, complexe, utilisant des produits naturels. Les différentes nuances de l’étoffe sont produites à partir de matériaux minéraux et végétaux ; un mélange de décoction d’écorces d’arbres, de potasse, de savon détergent, de feuilles…
Pour teindre le tissu, on trempe le coton tissé dans une décoction de feuilles d’arbres contenant une grande quantité de tanin. Ensuite, avec de la boue, on réalise les motifs tribaux à main levée. Suite à une ”réaction chimique”, on obtient a couleur noire caractéristique de ce textile. Après séchage, on retire l’excédent de boue grâce à une technique de rinçage à l’eau. En revanche, pour obtenir une teinte autre que le noir, une couleur claire ; l’artisan ajoute une mixture à base de soude, de céréales et de cacahuète.
Le bogolan dans la mode aujourd’hui
Le bogolan redevient tendance dans les années 90 grâce au styliste Seydou Doumbia aka Chris Seydou qui le remit au goût du jour. Aminata Dramane Traoré, femme politique malienne fait aussi partie de ceux qui ont rendu de sa noblesse au tissu. De nos jours, le bogolan jouit d’un véritable effet de mode et séduit plus d’un. Plusieurs stylistes africains et occidentaux le mettent à l’honneur et l’utilisent dans leurs collections. L’utilisation et le port du Bogolan s’est également diversifiée. Le Bogolan (lourd, semi-lourd, léger) est présent dans la décoration intérieure ; l’ameublement, la confection de différents types de vêtements, accessoires, etc.
Les méthodes de fabrication du bogolan se sont modernisées afin de répondre rapidement et efficacement à la demande de plus en plus forte. Aujourd’hui, on utilise aussi les motifs du bogolan sur du coton plus léger, de la soie, du tissu crêpe…
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